J’entends souvent une remarque plus au moins pertinente à propos des arts martiaux traditionnels chinois: A part danser, il n’y pas d’efficacité en condition de combat réel. Les arts de combat tels que le Krav Maga ou la box anglaises sont beaucoup plus efficaces.
Mais ce que beaucoup de personnes ignorent, est que la culture martiale chinoise a l’efficacité de la dissuasion nucléaire.
D’abord, il faudra clarifier les fondements de la culture martiale Chinoise. Dans un précédent article, j’ai expliqué le caractère 武 qui signifie martial en Chinois est composé de 2 partie: une partie qui désigne une arme de guerre utilisée durant la période des royaumes guerriers, et une qui veut dire arrêter. La culture ou l’art martial chinois traditionnel aura donc pour but final d’arrêter la violence.
Or, un art combat par définition est l’art de faire usage de la violence pour vaincre un adversaire. Nous ne jouons pas sur le même registre.
Cela étant dit, les nombreuses vidéo où l’on voit un soit disant maître d’arts martiaux chinois qui se fait casser le nez en 5 secondes face à un combattant MMA n’attestent qu’une chose: il y a effectivement beaucoup de charlatans dans le milieu martial en Chine. Les arts martiaux chinois traditionnels comportent de très nombreuses techniques de guerre très meurtrières qui ont largement inspiré de nombreux combattants modernes et militaires.
Parlons concret: que fait-on face à une provocation évidente, une menace imminente ou une attaque directe?
Attention, ce sont 3 situations distinctes. Ce que je vais dire tire d’expériences réelles qui ont été personnellement vécues. Et cela ne peut être en aucun cas servir d’argument pour faire une généralité, mais juste pour montrer les possibilités qui ont fait leur preuve sur le terrain.
Provocation
C’est la situation qu’on rencontre la plus souvent. Une provocation en lieu publique peut être sous diverses formes. Un regard noir et agressif, un voisin envahissant sur votre espace personnel, une posture, un geste, une parole déplacée… tout cela peut cacher une provocation pour exprimer un sentiment négatif à votre égard.
Il est impossible d’établir une stratégie à l’encontre de chacune des provocations qu’on pourrait subir dans diverses circonstances.
Tout ce qu’on peut faire est de dissuader son entourage immédiat de tenter leur chance.
Comment faire ?
C’est à fois simple et compliqué.
C’est votre attitude globale qui va parler. Le message corporel et visuel peut à la fois trahir votre faiblesse ou amplifier votre aura de puissance. Cela dépend de votre état d’esprit et physique.
Un individu alerte qui se tient droit dans une rame de métro montre qu’il est en bonne condition physique et psychique. Le truc qui fait la différence est le regard. En entrant dans une rame, ou une salle d’attente, la première chose que les gens essaient de voir est le regard. Balayer tout l’espace qui vous entoure avec un regard vif sans croiser les yeux des occupants montre votre niveau de présence d’esprit.
Un petit « Bonjour » ne fait pas de mal s’il s’agit d’un espace clos. Mais votre voix sure et très audible amplifie votre présence.
Profitez pour repérer les coins morts et les individus louches pour les avoir dans un coin de la têtes, on ne sait jamais.
Vous déguisez une prise de l’ascendance sur les gens déjà présents sur les lieux en une recherche fictive de place assise. C’est le début de l’art de la dissuasion. D’ailleurs, ce genre de gestuel est très utilisé lors des rencontres diplomatiques.
Les dirigeants se tapotent sur les épaules et les bras non pour manifester un quelconque signe d’amitié, mais pour essayer de prendre de l’ascendance sur son homologue et se donner un avantage pour les négociations qui suivront.
Pour nous les petites gens ordinaires, l’une des possibilités qui vous donnent cette assurance, est la pratique assidue d’un art martial. N’ayez pas peur de la fatigue, du froid, du mauvais temps voire des blessures lors des entraînements, c’est bénéfique pour le quotidien.
Menace imminente et attaque directe
J’ai rencontré plusieurs fois ce genre de situation. Souvent à 1 contre 1, voire 4 contre 1 en ma défaveur, la menace imminente est la 2ième situation qu’on peut rencontrer.
Depuis 2020, ce genre de situation tente à s’amplifier énormément pour moi.
En effet, je croise des gens qui me provoquent sur simple observation de mon visage à apparence asiatique.
La première chose à faire est d’évaluer la menace. S’ils sont plusieurs, il y a toutes les chances que des armes soient présentes sur l’un d’entre eux. Il faudra s’éloigner de la zone de menace mais ralentir ses pas en les regardant pour montrer que vous prenez en compte la menace et vous n’en avez pas peur, mais vous ne souhaitez pas engager un combat déloyal. Ce n’est pas un échec car vous les avez regardés droit dans les yeux, mais vous signifiez votre intelligence en évitant un combat perdu d’avance.
En un sens, vous avez le dessus grâce à votre discernement et lucidité. Vous avez gagné, ils ont échoué. Soyez fier de vous, votre entraînement martial a porté ses fruits.
Mais comment ai-je pu faire face à 4 individus qui voulaient en découdre avec moi dans un wagon? Là, il n’y avait pas d’échappatoire dans un train de banlieue en marche. Dans ce cas de figure, la stratégie est la même que contre une attaque directe:
Se mettre en position de combat sans lever les mains et attendre que les coups partent pour y répondre avec la plus grande fermeté. En effet, en France, il est très compliqué de se défendre en justice si on est porteur des premiers coups.
Mais tout doit se faire dans le plus grand calme. Il ne faut jamais se montrer nerveux, cela causera votre perte. La maîtrise de ses émotions est primordiale. Vous allez avoir très peur, c’est humain. Ne pas montrer sa peur vous rend plus fort.
Vous voulez connaître la fin de mon histoire?
Ils sont repartis sans rien faire.
Mais si l’individu est seul, en fonction des circonstances, il est possible d’aller engager une conversation.
Un banal « Bonjour! Tout baigne ? » à 1.5 mètre de distance est l’une des stratégies que j’ai trouvées.
Vous êtes hors de portée des attaques mais l’effet est là. Juridiquement irréprochable, vous montrez que vous faites face à la provocation. Il m’est déjà arrivé de faire demi tour pour dire « BONJOUR » au provocateur. Surpris de mon assurance, il m’a même serré la main pour repartir aussi tôt.
Il a perdu.
Mais ayez une chose en tête, si vous optez de « faire demi tour » pour lui répondre, l’assurance doit être là, la préparation aussi.
Vous devez être prêt.
La France possède 290 têtes nucléaires dans son arsenal de la dissuasion. Elles sont, pour une partie, portées par les SNLE ( Sous-marins Nucléaires Lanceurs d’Engins ) qui sillonnent les mers du monde entier en toute discrétion.
C’est énorme compte tenu de la taille du pays et du nombre d’habitants.
C’est le principe de l’art de la dissuasion énoncé par le stratège chinois militaire SunZi ( 孙子: Naissance : c. 544 av. J.-C.).
Il est étudié au WestPoint au même titre que Clausewitz et Jomini. Les stratégies militaires de SunZi sont même profondément décortiquées dans les écoles d’officier telles que « Command and General Staff College » à Fort Leavenworth au Kansas.
SunZi dit:
是故百战百胜,非善之善者也;不战而屈人之兵,善之善者也.
Qui se préoccupe uniquement des victoires à chaque combat, n’est pas le meilleur des stratèges. Celui qui obtient la victoire sans combattre, est le meilleur de tous.
Le dispositif de dissuasion nucléaire français a une réelle capacité de frappe. La France le fait savoir. Le monde entier le sait. C’est justement pour éviter d’appuyer sur le bouton, même si parfois, dans mon cas, j’ai eu à poser le doigt sur le bouton!
En conclusion, la culture martiale chinoise, à l’instar de la dissuasion nucléaire, doit nous éviter de devoir commettre l’irréparable. Un combat de rue pose un problème juridique en fonction des pays. Au moment où les artères des grandes villes sont bien surveillées, il est difficile d’expliquer le cassage de genoux sur une attaque imminente ( donc, qui n’a pas eu lieu puisque vous anticipez l’attaque en bon pratiquant d’art de combat ).
Mais puisque vous vivez l’art martial, cela n’arrivera pas.