Arts martiaux traditionnels chinois – style naturel

中国传统功夫 – 自然门

Gongfu (KungFu)功夫 ou WuShu武术 ?

Présenter un art qui a traversé plusieurs millénaires sur un site web dépasse largement mes capacités, et risque d’être un long « documentaire historique » ennuyeux et soporifique.

Le présenter sous un angle plus séducteur, en prenant comme axe d’attaque, le combat et les folklores romanesques vus et revus sur youtube et au cinéma, serait fortement réducteur, et dénué de tout intérêt.

Bien des arts martiaux ou techniques de combat sont nettement plus spectaculaires que « les arts martiaux traditionnels chinois ».

Je vais alors me baser sur mes pratiques et vécus personnels afin de voir ces arts martiaux sous un angle sans doute moins séducteur, mais plus accessibles à tous et toutes.

L’extraordinaire des arts martiaux traditionnels chinois, se réside dans son aspect le plus ordinaire. Cela surprend? Oui.

Faisons fi des cris et des morceaux de métal scintillants lors des  démonstrations de moines de ShaoLin à Bercy; des triple sauts périlleux suivis d’un grand écart. La gymnastique de ce niveau n’est pas à la portée de tout le monde. Le démonstratif est propre au spectaculaire. C’est un métier difficile, qui n’est pas le mien, ni le but recherché des arts martiaux traditionnels chinois.

Pourquoi? Simplement parce que le cinéma n’existait pas il y 2500 ans. Mais il y avait beaucoup de guerres. Le spectaculaire est éphémère, les gymnastes du WuShu arrêtent le métier généralement vers l’âge de 30 ans, avec plus ou moins de casses.

C’est sur un fond de guerre rude et meurtrière que la première République nationaliste de Chine ( 中华民国) a mis sur pied, un système éducatif axé sur le sport au début du 20iem siècle. Il puisait ses racines sur les arts martiaux traditionnels chinois. Après la création de la République Populaire de Chine (中华人民共合国), WuShu a été crée comme aboutissement du travail précédemment accompli. Malgré une période difficile sous la révolution culturelle, WuShu a sa propre fédération et est désormais pratiqué par plus d’un million individus dans le monde. Tous les 2 ans, il y a même une compétition mondiale.

Et le KungFu dans tout ça? C’est la source du WuShu.

Le KungFu est la quintessence d’une civilisation plusieurs fois millénaire. Il désigne en chinois, une maîtrise ou une capacité particulière, résult d’un long apprentissage et d’une longue expérience pratique.

On peut dire qu’un chauffeur de taxi a un bon kungfu parce qu’il connaît tous les raccourcis pour passer les bouchons. Un informaticien peut avoir un bon kungfu car capable de mettre en place une infrastructure informatique complexe et fiable. Il en est de même pour un cuisinier, un chanteur d’opéra, un calligraphe, un maçon, un pilot de ligne, un compteur populaire(un métier respecté en Chine, encore aujourd’hui) … et pourquoi pas, un pratiquant d’arts martiaux. Tous et toutes, sans distinction d’âge, de sexe, d’origine sociale, peuvent avoir un bon kungfu.

Un handicapé physique ou mental peut aussi avoir un bon kungfu s’il excelle dans un domaine précis.

Le kungfu est omniprésent, et par conséquent, accessible à tous sans discrimination. Il est fédérateur, rassembleur et donne un but commun à tous ceux qui recherchent l’accomplissement dans la perfection, avec ses propres moyens et capacités. Il ne se reconnaît pas dans une compétition, si non une seule, celle que chacun livre contre ses propres démons: la peur, la paresse, l’agressivité, la colère, la suffisance …

Le kung-fu est à ce point encré dans la culture chinoise, qu’il est impossible d’en saisir tout le sens en regardant juste un ou deux épisodes de « Ip Man ».

Le Kung-fu est une hygiène de vie, un système éducatif, un moyen d’insertion ou de ré-insertion sociale, un incubateur de talents, un gagne pain, un moyen de protection, un moyen de tisser ses réseaux sociaux … Il est tout, et rien à la fois. Il fait partie du barycentre civilisationnel de la culture chinoise. Cette culture, unique, la seule sans doute, qui n’a pas connu de grande discontinuité durant les 3000 dernières années.