En Chine, on est très loin des préoccupations légales quand il s’agit d’apprendre les arts martiaux.

Le statut de l’association, les membres du bureau, les AG et la comptabilité, l’assurance, demande de salle à la mairie en jouant les coudes avec les associations concurrentes, faire de la publicité pour combler les départs des élèves afin de financer les frais…

Ce sont d’autant de tracas administratifs qui font qu’un enseignant d’arts martiaux en France, est avant tout un véritable chef d’entreprise. Les démarches administratives peuvent prendre énormément de temps et d’énergie.

La situation est totalement différente en Chine.

Depuis des milliers d’années, l’enseignement d’arts martiaux se passaient au sein des écoles ou des confréries. Beaucoup de familles enseignaient également dans le cadre familial. L’état ne s’immisçait pas dans les transmissions de savoir-faire ancestral.

Après 1949, les écoles traditionnelles et les confréries, déjà mal menées par des décennies de guerre d’invasion ont disparu.

La jeune République Populaire a voulu ré-inventer et codifier la pratique martiale. Le résultat est très spectaculaire. Mais en réalité, le savoir-faire ancestral se transmet en dehors des écoles de WuShu.

En absence d’école traditionnelles et de confréries dont les nouveaux membres des temps modernes sombrent dans le grand banditisme, la transmission se fait à la fois nulle part et partout. c’est à dire, dans les rues, les jardins ou parcs publiques. Les températures caniculaires à 40C° ou sibériennes à -20C° ne peuvent servir d’arguments pour annuler un cours. Seule une grosse pluie peut faire annuler un cours.

L’endroit est primordial. Lorsqu’un maître s’établit et enseigne à coté d’un arbre ou à un coin de ruelle, il en prend possession à vie. Personne ne viendra le déranger pendant ses cours. Les passants font semblant de ne rien voir, les autorités ne s’en occupent pas. Une entente dacite naît d’une complicité silencieuse et d’un respect mutuel. Ici, personne ne s’amuse à filmer ou prendre des photos, toujours par respect.

Ces photos montrent les ruelles où le maître WanLaiSheng enseignait. Ces élèves dont on reconnaît le futur héritier LiangChaoQun et le fils aîné de WanLaiSheng, s’entraînaient dans la rue étroite devant la maison du maître. Il devaient s’arrêter chaque fois qu’un passant devait emprunter le passage.

Chaque technique est montrée 3 fois. Si l’élève a du mal à comprendre, il est demandé d’aller pratiquer avec d’autres élèves plus aguerris.

Le vieux maître enseignait finalement peu de techniques, cette tâche “ingrate” est déléguée à ses disciples. De lui, on apprenait comment devenir un pratiquant accompli et complet. Les valeurs martiales et traditionnelles constituent la majeure partie des enseignements dispensés lors des discours improvisés.

Mais aujourd’hui, avec l’afflux des passionnés venus d’étrangers, l’enseignement martial est devenu un business très rentable. On distribue les titres comme de petits pains.

Mais une poignée de gens font de la résistance et continuent à maintenir la tradition. Espérons qu’ils réussissent.

On dit en Chine:

高手在民间

Les meilleurs sont parmi le peuple.

Toute la difficulté à trouver une école véritablement traditionnelle réside dans le fait qu’elle puisse être nulle part et partout à la fois. C’est le signe d’une culture bien ancrée et très ancienne.